I Will Not Return to a Universe of Objects That Don’t Know Each Other
I Will Not Return to a Universe of Objects That Don’t Know Each Other
Née à la suite d’une lecture épiphanique du poème « Monet Refuses the Operation » (Monet refuse l’opération) de Lisel Mueller, l’exposition I Will Not Return to a Universe of Objects That Don’t Know Each Other (Je ne retournerai pas dans un univers d’objets qui ne se connaissent pas) explore la possibilité de reconsidérer notre rapport à Internet comme une expérience spatiale transcendante dans laquelle « le monde est (encore) en mouvement ».
Le poème est une réflexion sur la décision initiale du peintre français Claude Monet de ne pas se faire opérer de la cataracte (une maladie au cours de laquelle le cristallin de l’œil devient de plus en plus opaque), et sur la façon dont ce choix pourrait même avoir bénéficié à sa peinture. Lisel Mueller en vient à la conclusion qu’un défaut manifeste peut contribuer à créer des ouvertures vers de nouveaux paradigmes expérientiels et même révéler les limites de l’ordre purement fonctionnel des choses.
Suivant cette pensée, l’exposition cherche à jeter une autre lumière sur ce qui nous apparaît comme des bizarreries absurdes dans nos interactions cybernétiques habituelles : des reconnaissances de modèles algorithmiques ratées, des liens rompus ne menant nulle part, des passerelles applicatives défectueuses, des pages sans fonctions apparentes, des bogues visuels ou des hôtes liminaux, « dangereux ». Ces phénomènes disparaissent progressivement dans l’expérience en ligne de plus en plus simplifiée sur les plateformes privées, une situation susceptible de provoquer une « cataracte » chez l’utilisateur numérique : une interaction de plus en plus opaque avec un média aux possibilités infinies et inexploitées. L’exposition tente donc de faire voyager le spectateur dans l’imaginaire refoulé des ruines bannies d’Internet sans l’aide d’une interface. C’est à lui seul de trouver un sens à ce paysage à la fois analogue et numérique, et d’explorer de nouvelles formes pour habiter et traverser sa propre réalité spatiale.
Il est donc possible de considérer l’Internet au-delà d’un cadre purement fonctionnel et de plonger dans le tourbillon dissonant de ses phénomènes mnésiques. En fait, tel un terrain de jeu, il recèle en lui le potentiel d’agir et de proposer de nouvelles interactions et interprétations spatiales. C’est peut-être là que réside sa chance de se libérer d’un moule dans lequel il a d’ores et déjà révélé ses dernières surprises.
